Les Troubles Musculosquelettiques font partie des risques majeurs des métiers liés à la manutention. Bruno STRADY, formateur chez Manuteo du Groupe SMARTLOG anime des formations spécialisées en « gestes et postures ». Il nous parle de la prévention de ces risques, qui représentent un coût humain et financier important pour les entreprises.

Quels métiers sont exposés aux troubles musculosquelettiques ?

« Le risque professionnel est une notion très vaste, qui varie en fonction de l’activité de l’entreprise », explique Bruno STRADY. Dans le secteur de la manutention, les TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) constituent le risque le plus important.

Les tendinites, qui font partie des pathologies les plus courantes, sont déclenchées par des angles gestuels excessifs (tels que les bras en hauteur) ou des gestes répétitifs sur des temps d’exposition importants. Certaines professions comme les carreleurs (qui travaillent le plus souvent à genoux) sont susceptibles de développer des bursites ou hygromas (gonflement à l’arrière du coude), qui peuvent engendrer des douleurs importantes et invalidantes. D’autres professionnels, exposés à des hyperextensions répétitives du poignet (tels que les personnes travaillant à un bureau ou les salariés chargés de la gestion de colis par exemple), sont menacés par le syndrome du canal carpien. Quant au lumbago, il fait partie des risques majeurs sur les postes exposés.

Mettre en place des axes d’amélioration

L’organisationnel, la technique et l’humain sont les trois facteurs potentiels de survenue d’un accident. Il est donc important pour l’entreprise d’analyser ces facteurs, et ainsi mettre en place des process susceptibles de limiter les accidents.

Le contexte organisationnel doit être analysé avec précision, afin d’étudier l’environnement de travail et de faire ressortir les zones de risque (modes opératoires, circulation au sein de l’entreprise…).

Sur le plan technique, l’entreprise peut investir dans différents types de matériels pour soulager l’opérateur. De nombreuses machines et accessoires (diable, transpalette, table élévatrice, plateau à niveau remontant, siège assis-debout…) constituent une aide précieuse pour assister le professionnel dans la manutention des charges. Avec la mise au point des exosquelettes, qui représentent un bond technologique spectaculaire, le futur semble prometteur. Fixé sur l’opérateur, ce matériel performant permet de compenser ses efforts en allégeant considérablement la charge à porter. « Mais nous n’en sommes qu’aux prémices, car ces équipements restent pour l’instant beaucoup trop onéreux pour la plupart des entreprises », ajoute le formateur.

Sur le plan humain, les facteurs sont propres à l’individu. Ils concernent son état physique et psychologique au travail. En effet, le physique et l’état de santé du travailleur peuvent être sources d’accident du travail. L’état physique concerne les problèmes liés à la taille, à l’âge, à certaines particularités (droitier, gaucher), à l’acuité visuelle et auditive ou à un handicap physique particulier (vertige, claudication, doigt coupé…). L’état de santé est consécutif aux maladies que le travailleur a pu contracter (état fiévreux, grippe, fatigue, manque de sommeil…). L’état psychologique de l’individu a lui, une influence directe sur son comportement dans le travail. Ces facteurs sont en général plus difficiles à mettre en évidence, car l’individu n’a pas forcément envie de se confier.

La prévention des risques : un système gagnant-gagnant

La formation est un vecteur de changement essentiel en matière de prévention des risques. Les formations sont proposées par Manuteo aux opérateurs, afin de leur transmettre les bonnes pratiques en termes de gestes et postures, mais également pour devenir des acteurs de la prévention. « Ils sont capables, après le stage, d’agir en autonomie en analysant une situation, en repérant les problèmes et en proposant à l’employeur des améliorations sur les axes stratégiques. Toutes ces propositions ne seront pas acceptées, mais cela permettra malgré tout de faire évoluer une situation », précise Bruno STRADY.

Quant à l’entreprise, elle trouve elle aussi un bénéfice dans ces actions de prévention, compte tenu de l’amélioration (notable et quantifiée) de la santé de ses salariés et de la réduction des maladies professionnelles et des accidents du travail, qui représentent souvent un coût important (remplacements, retards de productivité, etc.).

Former, mais sensibiliser avant tout !

La situation idéale, selon notre interlocuteur, se présente quand tous les protagonistes concernés (employeurs, responsables et salariés) vont au-delà de la « formation vitrine » en affichant une vraie volonté d’évoluer ensemble. L’efficacité est alors redoutable, et tout le monde en ressort gagnant. « L’investissement, qui peut être onéreux au départ au regard du coût de certains matériels, est très rentable pour l’entreprise à plus long terme », souligne Bruno STRADY, qui rappelle que son rôle est de former les opérateurs, mais aussi de faire prendre conscience des bénéfices de la prévention auprès des entreprises.

« Une véritable prévention ne se limite pas à protéger la personne du dommage potentiel, mais consiste à rechercher des solutions en amont et à repérer le danger pour éviter que le professionnel y soit confronté », conclu Bruno STRADY.

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